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Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/34

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L’AMOUR NE MEURT PAS

diais en vue de mes examens. La même ardeur au travail se maintint pendant les trois dernières années de mes études, car la pensée de ma Rose me poursuivait toujours et ne cessait de m’encourager. Je pensais constamment à lui préparer un bel avenir. Le matin, au cours ou à la clinique, j’avais mon calepin et mon crayon et je les utilisais beaucoup. Je suivais régulièrement les malades ; je m’attachais à eux. J’observais tous les symptômes et la marche des affections. Je remarquais avec attention l’effet du traitement. À certaines heures de l’avant-midi ou de l’après-midi, j’allais panser les blessés ou les opérés. Tout en travaillant je causais avec eux : je cherchais à adoucir par des paroles encourageantes ce que ma main avait de trop dur. Je m’informais de leur famille. Au vieillard je demandais de me raconter sa vie, ses peines, ses misères, ses joies. Je m’enquérais du nombre de ses enfants, de ses petits-enfants. Je lui demandais si ses enfants et ses petits-enfants avaient de l’amour pour lui ; s’ils se faisaient dire des histoires ? À l’adulte je demandais quelle occupation il avait ; quel métier il exerçait, ce qu’il gagnait par jour et comment il élevait sa famille ? Tous les deux, vieillard ou adulte, répondaient volontiers à mes questions qui ne leur paraissaient jamais indiscrètes ; elles semblaient plutôt leur inspirer confiance et leur faire oublier pour un instant les douleurs cuisantes de leurs plaies et calmer les inquiétudes de leur esprit malade.

Aux petits enfants, toujours craintifs, je parlais du jeu de balle, ou de billes, de toupies ou de cerf-volant.