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Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/60

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médecin. Mais que reste-t-il de ces beaux soirs en dehors des souvenirs ? Le pont est disparu avec la vieille Ben-Oui, et ma bien-aimée Rose-Alinda s’est envolée vers d’autres cieux, me laissant seul, seul à jamais.


Un jour, Madame L… sœur de ma Rose, voulut nous faire goûter les vrais plaisirs de la campagne ; elle organisa un pique-nique au fameux Buisson. Une trentaine d’amis de Ste-Martine et de Beauharnois furent invités.

Le cortège joyeux se composait de plusieurs voitures grandes et petites, toutes ornées de drapeaux, de branches au feuillage touffu, de banderoles aux couleurs vives. C’était le samedi, 14 août, 1886. Le ciel sans nuage nous promettait une belle journée. La température était chaude. Nous partîmes aussitôt après le déjeuner Nous parcourûmes une partie du village de Ste-Martine, en passant devant l’église, pour nous rendre au pont de la vieille Ben-Oui que nous devions traverser. À la tête de ce vieux pont branlant, nous descendîmes des voitures pour ne pas les surcharger de notre poids et faire crouler la vieille relique. Les chevaux butaient sur les tronçons des planches mal chevillées qui craquaient en se déplaçant ; les charrettes cahotaient ; les chevalets tremblaient en produisant dans l’eau de grands cercles qui s’enlaçaient les uns dans les autres en s’élargissant ; et nous allions titubant sur ce vieux pont oscillant. Hélas ! vieux pont que tu nous parus long à traverser ce jour-là, car nous avions peur de te voir crouler. La vieille Ben-Oui, qui nous attendait sur le