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Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/62

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qui venaient nous saluer de leurs aboiements et qui s’en retournaient lentement, et sur la route quelquefois, un paysan, au grand chapeau de paille, à la chemise rayée de grosses lignes bleues, se retournant quand il ne se croyait plus vu, et nous regardant de loin aller au plaisir.

De la berge, notre vue s’étendait au loin sur le fleuve aux eaux rapides au-dessus desquelles flottait une buée aux couleurs multiples ; quelques petites îles miraient dans l’onde transparente leurs bords verdoyants, et près du rivage, des enfants, à la face rougeaude et barbouillée, assis dans de vieilles barques amarrées à de gros piquets, tendaient des bouts de lignes à de petits poissons qui avaient l’air de se moquer d’eux en taquinant l’hameçon. Et nos chevaux, aux grosses pattes poilues, traînaient toujours avec la même allure les voitures remplies des bons amis, qui chantaient toujours leurs gais refrains.

Arrivés au Buisson, nous aidâmes tous à décharger les voitures, à entrer les victuailles dans la cabane, à ramasser des branches sèches pour faire de gros feux. Les cuisinières et les cuisiniers improvisés se confectionnèrent des bonnets de papier, s’ajustèrent des tabliers blancs et entrèrent rapidement et crânement dans leur rôle. On se disputa les places autour des gros fourneaux ; c’était à qui montrerait plus d’adresse à tourner une crêpe ou à frire une omelette. Les tranches de jambon et de lard pétillaient dans les poêles rougies. Les pommes de terre, à demi épluchées, volaient de mains en mains comme des balles à jouer, avant d’être jetées dans