Aller au contenu

Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

huit jours de vacances, et, s’entremêlant à ces souvenirs, des découragements, des ennuis, des désespoirs. Sur les feuilles de papier où j’avais cru transcrire tant de soupirs de mon cœur, tant de sentiments de mon âme, tant d’idées de ma tête, je n’avais fait que répéter plus de mille fois un nom chéri et toujours le même, et toujours lui seul : « Rose-Alinda, ma Rose ». Le soir quand je fus calme et que j’eus repris mes sens, je fus tout surpris et étonné de retrouver sur ma table ces feuillets épars sur lesquels je ne vis rien autre que ces deux mots : Rose-Alinda, ma Rose.

Ce même soir, j’écrivis une longue lettre où je traçais en caractères de feu les impressions encore toutes chaudes de mon départ et de mon arrivée. Elles étaient trop ardentes. Après avoir lu et relu ma lettre, je versai un torrent de larmes et je la déchirai pour ne pas l’envoyer à ma Rose. Elle lui aurait fait verser à son tour trop de pleurs. Pauvre Rose, elle devait sans cela suffisamment sentir le vide et l’ennui autour d’elle. Le lendemain j’écrivis une missive plus raisonnable, plus tendre, plus douce et plus consolante.


Montréal, 16 août 1886.
Ma bonne Rose,

Un passé heureux et déjà lointain m’avait procuré de beaux jours, de belles vacances. Une affection passagère, il est vrai, m’avait appris à regretter des départs répétés, et j’avais cru connaître l’amour ; mais je le sens aujourd’hui ce n’était qu’une amitié frivole, des amours