Aller au contenu

Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’enfants. Maintenant que j’ai trempé mes lèvres à la coupe du vrai bonheur, de l’amitié sincère, de l’amour passionné ; maintenant qu’une âme dévouée s’est ouverte devant moi comme un livre sacré où on lit à chaque feuillet un avenir heureux ; maintenant que j’ai connu les douceurs, les charmes et la bonté d’une tendre amie ; maintenant que j’ai goûté, avec les paroles affectueuses d’un cœur sympathique, les délices des doux entretiens de deux vrais amis, je me dis : jamais je n’ai aimé avant aujourd’hui : jamais je n’ai compris le bonheur de ces longues heures de conversation où l’âme de l’amie passe dans l’âme de l’ami pour n’en faire qu’une…

Hélas ! pourquoi faut-il si tôt se quitter ? J’aurais toujours vécu dans ce saint concert. Rose, rappelle-toi toujours ces instants d’ivresse. Partout nous avons laissé des souvenirs, mais les plus beaux sont gravés dans nos cœurs. Ste-Martine les répétera longtemps, mais nous les chanterons toujours…

Rose, en partant, je t’ai dit quatre mots : « Je t’aime ma Rose » ; et j’allais balbutier les paroles mystérieuses qui lient pour la vie, lorsque l’heure du départ sonna comme la cloche fâcheuse qui réveille d’un beau rêve. Mais qu’importe, Rose, mon silence forcé ; n’as-tu pas lu dans mes yeux ce que mes lèvres trop lentes n’ont pas eu le temps d’achever ou de prononcer ?… Espère, ma Rose, nous reverrons encore de beaux jours à Ste-Martine ; nous boirons encore à cette même coupe que l’amour vient de présenter à nos lèvres avides du même bonheur. Nous nous reverrons encore à Ste-Martine, dans cette maison hospitalière…

Votre petit Elphège.