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Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/80

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Montréal, 19 août 1886.
Ma bonne Rose,

Pourquoi doutez-vous toujours de votre Elphège ? Vous craignez de trop l’aimer cet ami qui sacrifierait tout pour vous. Mon passé, que j’avais cru heureux avant de vous connaître, s’est effacé sous une larme que vous avez versée un soir ; mon présent obéit à votre regard si doux parce que je crois y lire l’espoir de notre bonheur et je mets entre vos mains mon avenir. Dédaignerez-vous mon avenir ? Qu’il soit grand, vous en aurez élevé les degrés ; qu’il soit glorieux, vous en aurez fait jaillir la première étincelle ; qu’il soit humble, j’en serai la cause ; mais vous n’en serez pas coupable. Ne faut-il pas que le soleil réchauffe la plante chétive comme l’arbre fort et vigoureux. Brillant ou obscur, mon avenir est à vous ; mes jours sont les vôtres. Et vous craignez encore ? Voulez-vous chercher ailleurs de plus grandes qualités que les miennes, des talents plus beaux que les miens, un espoir plus éclatant que le mien ? Vous trouverez ces trésors partout hors de moi ; mais ce que vous ne trouverez pas c’est un cœur aussi sincère que le mien, un amour aussi véritable que le mien, une âme franche et ouverte comme la mienne ; ce que vous ne rencontrerez pas c’est une volonté aussi ferme que la mienne ; c’est une parole donnée et tenue comme la mienne ; en un mot, cherchez un autre Elphège qui vous aime autant que je vous aime, Rose. Vous craignez de répandre un jour des larmes sur mon cœur refroidi.