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Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/79

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Ste-Martine, 18 août 1886
Cher Elphège,

Impossible de vous dire le vide qui s’est fait autour de moi, depuis votre départ. Je suis comme une âme en peine ; je cherche partout et toujours ; mais je ne trouve rien. Tout me manque là où vous n’êtes pas, Elphège, et tout me paraît morne…

Hélas ! ces quelques jours que nous avons passés ensemble pendant votre promenade sont disparus comme une fumée ; il ne m’en reste que le souvenir que je garderai précieusement, soyez-en certain. Il y a quelques jours Ste-Martine était pour moi un petit paradis ; mais aujourd’hui, il me semble que c’est un désert où la mort a passé. Pourquoi ce changement subit ? À qui la faute ? À vous, pas à d’autre. Vous vous êtes montré si bon, si aimable qu’il ne peut y avoir de bonheur ici-bas pour moi sans mon Elphège. Aussi, tous les jours, je rends mille actions de grâces au Très-Haut de m’avoir fait connaître le bonheur par toi.

Depuis que je vous connais je suis forte contre tout malheur. Il me semble qu’à présent rien ne peut m’atteindre. Votre image est tellement gravée dans mon cœur qu’elle me sert de talisman. Oh ! qu’il est bon d’aimer comme je t’aime Elphège. Rends-moi le quart de ce que je te donne et je ne craindrai aucune puissance humaine pour te ravir à moi…

Des bons baisers de ta Rose.