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Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/9

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naissance ou sur les troncs d’arbres rejetés par la mer. À l’heure du bain, nous nous isolions de la foule, sur les bancs de sable que la mer forme pendant les grosses tempêtes. L’après-midi ou le soir, nous refaisions nos marches sur la plage ou nous nous retirions à l’écart dans un coin de la véranda. Nous voulions reprendre en ces jours de repos ce que le temps avait enlevé à notre vieille amitié pendant une longue séparation. Que de souvenirs nous avons rappelés pendant ces longues causeries qui paraissaient toujours trop courtes. Notre vie d’étudiant nous est revenue tout entière. Mais parfois mon pauvre ami redevenait rêveur. Certaines inquiétudes paraissaient s’emparer de son esprit. Je respectais toujours les sentiments qu’il tentait de me cacher, car j’étais certain qu’un jour il ouvrirait tous les replis de son cœur à l’amitié comme on va raconter au médecin tous les symptômes de la maladie qui nous afflige, ou dire au confesseur tous les secrets qui inquiètent la conscience, pour obtenir de l’un la consolation et la tranquillité, et de l’autre, le soulagement et la guérison.

Souvent la petite Germaine nous accompagnait dans nos marches. Elle se plaçait toujours entre nous deux, nous prenant le bras qu’elle serrait fortement en s’appuyant comme si elle eût voulu nous rapprocher davantage et nous unir plus intimement. Elle s’apercevait que notre intimité toujours croissante apaisait les souffrances morales et les inquiétudes de son grand-papa dont le sommeil devenait plus paisible, plus réparateur et l’appétit meilleur. Elle prenait un plaisir