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Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/8

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de la carène blanchie par le soleil. Tout à coup le petit vieillard parut se ranimer ; ses paupières affaissées se relevèrent ; ses yeux gris et ternes jetèrent soudain un reflet brillant en m’apercevant ; ses joues se teintèrent d’un rouge fade. Je l’avais reconnu dans l’éclat passager de son regard ; c’était un de mes meilleurs camarades au temps de notre vie d’étudiants. Je m’approchai de lui et je lui serrai la main avec toute l’effusion de la joie qu’on a de retrouver un vieil ami après une longue absence. Cependant la froideur, la gêne ou je ne sais quel sentiment de la part d’Elphège R… parurent répondre à l’enthousiasme de mon élan. Oui, c’était bien Elphège R… le compagnon inséparable d’autrefois, Elphège l’ami sincère. La belle jeune fille était sa petite-fille Germaine qui l’accompagnait partout, cherchait à le distraire et à chasser loin de lui les idées noires qui l’envahissaient parfois.

Peu à peu, Elphège et moi, nous redevenions les bons amis d’autrefois. Sa froideur et sa gêne disparaissaient petit à petit. L’intimité entre nous grandissait tous les jours. Nous nous recherchions mutuellement ; lui semblait heureux d’avoir rencontré une âme compatissante, un cœur affectueux dans lequel il pourrait épancher le trop-plein de son chagrin et de ses peines de cœur ; et moi j’étais sensible aux marques d’affection et de confiance qu’il me témoignait à tout instant. Le matin de bonne heure, nous faisions de longues marches sur la plage déserte. Nous nous asseyions souvent sur la vieille épave où nous avions renouvelé con-