départ, au moment où le carrosse disparaissait au tournant de la route.
Jean lança son cheval à fond de train, en criant du haut de sa tête : « Arrêtez, arrêtez ! »
C’était une excellente bête qui allait comme le vent, mais le carrosse de son côté roulait comme la foudre, & ils coururent un jour & une nuit, toujours à la même diſtance & sans que le cheval pût gagner un tour de roue sur le carrosse.
Ils traversèrent ainsi dans une course infernale des villes, des bourgs, des villages, & les gens venaient sur le pas de leurs portes pour les voir passer.
Enfin, ils arrivèrent au bord de la mer. Jean espéra que le carrosse s’arrêterait, mais, chose merveilleuse ! il entra dans les flots & glissa sur la plaine liquide comme il avait roulé sur la terre ferme.
Le brave cheval tomba d’épuisement pour ne plus se relever, & le petit soldat s’assit sur le rivage, regardant d’un œil désolé le carrosse, qui s’évanouissait à l’horizon.