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Page:Deulin - Contes d’un buveur de bière, 1868.djvu/116

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Contes d’un buveur de bière

— Bien vrai ?

— Bien vrai.

— Alors, mon petit mari, dites-moi comment vous avez fait pour m’enlever & me transporter si vite au bout du monde.

Le petit soldat se gratta la tête :

« Parle-t-elle sincèrement, se dit-il, ou va-t-elle encore me tromper ? »

Mais Ludovine lui répétait : « Voyons, dites, dites, » d’une voix si câline & avec des regards si tendres qu’il n’y sut pas résilier.

« Après tout, pensa-t-il, je peux lui confier mon secret, du moment que je ne lui confie point mon manteau. »

Et il lui révéla la vertu du manteau rouge.

« Je suis bien fatiguée, soupira alors Ludovine. Voulez-vous que nous dormions un somme ? Nous aviserons ensuite à ce qu’il faudra faire. »

Elle s’étendit sur le gazon & le Rôtelot l’imita. Il avait la tête appuyée sur son bras gauche, &, comme il respirait à plein le parfum de l’écharpe, il ne tarda guère à s’endormir profondément.

Ludovine, qui le guettait de l’œil & de l’oreille, ne l’entendit pas plus tôt ronfler qu’elle dégrafa le manteau, le tira doucement à elle, s’en enveloppa, prit la bourse dans la poche du dormeur & dit : « Je désire être dans ma chambre ! » & elle y fut.