roi. C’eſt demain le dernier jour. J’irai moi-même, & nous verrons si je reviendrai bredouille. »
VII
Le lendemain, Petit-Pierre aperçut dans la drève un abbé monté sur sa mule. La présence du saint homme, à deux pas de l’abbaye de la Cambre, lui parut chose assez naturelle ; pourtant il se tint sur ses gardes & rappela ses lapins.
Quand l’abbé fut tout près, le sautériau ôta son bonnet & se signa dévotement. Le bon père lui donna sa bénédiction. Petit-Pierre remarqua qu’il avait le capuchon rabattu comme pour se garantir du soleil.
« Qu’eſt-ce que tu fais donc là, mon petit fieu ? demanda l’abbé qui semblait déguiser sa voix, de même qu’il cachait sa figure.
— Vous le voyez, mon père, je garde mon troupeau.
— Ah ! tu es berger.
— Oui, berger, comme votre Révérence, comme le roi, notre maître, ou comme notre saint-père le pape, sauf que mes ouailles sont des lapins.