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Manneken-Pis

aussi, savez-vous, faire la police de son royaume. Voyons si tu en seras capable. On a volé la bague de ma fille. Je te donne trois jours pour m’amener le voleur.

— Comment eſt-elle, votre bague ? demanda le sautériau.

— En or, avec un diamant gros comme un pois, répondit la princesse en le regardant d’un air qui n’avait plus rien de dédaigneux.

— En chasse, manneken, ajouta le monarque en se frottant les mains, &, pour que tu aies le gibier à portée, j’ordonne que tu sois logé au palais & servi comme moi-même. On ne dira point que je fais mal les choses. »

On mena sur-le-champ le sautériau dans un bel appartement & on lui donna à souper. Il n’était pas servi tout à fait comme le souverain, n’ayant derrière lui qu’un seul domeſtique, mais le souper était exquis & tel que, je le parierais, vous n’en avez jamais fait un pareil, même le dimanche de la ducasse.

Petit-Pierre, qui était homme de goût, s’en lécha les doigts, pensant à part lui que le métier de roi ne manquait point d’agrément, & que, s’il soupait ainsi tous les soirs, il ne tarderait guère à avoir de belles grosses joues, comme ses frères.

Le lendemain, il alla se promener, à la piquette