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Contes d’un buveur de bière

du jour, vers le Trou du Diable, mais il n’y rencontra point la vieille grand’mère.

« Bah ! se dit-il, je m’en tirerai peut-être bien tout seul. À force de chercher on trouve. »

Sur le coup de midi, il revint au palais avec un appétit de chasseur, songeant au souper de la veille & calculant, en vrai Flamand, que, s’il n’avait point la chance d’épouser la princesse, il aurait du moins le plaisir de faire trois excellents dîners. Le dîner fut, comme de juſte, encore meilleur que le souper.

Quand Petit-Pierre eut avalé la dernière bouchée :

« En voilà déjà un ! » dit-il tout haut en s’essuyant la bouche avec sa serviette.

À ces mots, le domeſtique qui le servait fit un mouvement.

C’était ce maraud qui avait volé la bague, de concert avec un de ses camarades.

Le jour suivant, le sautériau se promena par le palais, examinant toutes les figures, mais sans découvrir son voleur. Il ne se découragea point, se mit à table à midi sonnant, fit largement honneur au dîner, &, quand il eut fini :

« Voilà le deuxième ! » dit-il en claquant de la langue.

Le domeſtique, qui n’était autre que le second coquin, devint tout pâle & laissa tomber une pile d’assiettes.