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Page:Deulin - Contes d’un buveur de bière, 1868.djvu/22

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Contes d’un buveur de bière

meule aura broyé l’orge, tu la brasseras dans cette grande cuve, d’où le vin d’orge passera dans ces vaſtes chaudières pour s’y marier au houblon. La fleur du houblon donnera la saveur & le parfum au vin d’orge. Grâce à la plante sacrée, la bière, pareille au jus de la vigne, pourra vieillir dans les tonneaux. Elle en sortira blonde comme la topaze ou brune comme l’onyx, & fera des bons Flamands autant de dieux sur la terre. Tiens, bois ! »

Et Belzébuth tira d’un des tonneaux un grand broc de bière écumante. Cambrinus obéit & fit la grimace.

« Bois encore, encore ! »

L’autre but, rebut & sentit une sorte de calme descendre peu à peu dans ses sens.

« N’es-tu pas heureux comme un dieu ?

— Si fait, messire, sauf qu’il me manque le suprême plaisir des dieux.

— Et lequel ?

— La vengeance ! Les gens de Fresnes n’ont point voulu danser jadis au son de ma viole. Donnez-moi un inſtrument qui les fasse sauter à ma volonté.


— Écoute, en ce cas. »

En ce moment, neuf coups sonnèrent au clocher de Vieux-Condé.

« Eh bien ? fit Cambrinus.