dressent de petits autels au coin des rues, & poursuivent les gens, un plateau à la main, en criant : « Pour l’autel de la Vierge ! Pour l’autel de la Vierge ! »
« Tu n’as pas vu passer un jeune garçon & une jeune fille ? interrogea le voyageur.
— Pour l’autel de la Vierge ! Pour l’autel de la Vierge ! fit la fillette.
— Je te demande si tu as vu passer un jeune gars & une jeune fille.
— Pour l’autel de la Vierge ! Pour l’autel de la Vierge !
— Au diable ! je n’ai rien à donner ! » gronda l’ogre impatienté.
Il continua sa route, battit vainement les environs & finit par reprendre le chemin de sa maison. Sa femme, qui s’attendait à le voir revenir bredouille, ne fut point fâchée de se moquer de lui un brin.
« Tu ne les as point rencontrés ? lui demanda-t-elle.
— J’avais bien cru les apercevoir, mais ils ont disparu au tournant d’une route, & je n’ai plus trouvé qu’une chapelle où une garcette m’a demanda l’aumône.
— Que tu es bête, mon homme ! Eh ! parbleu ! la chapelle, c’était le petit prince, & la fillette était ta fille.