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Contes d’un buveur de bière

— J’y retourne ! s’écria l’ogre, & si je les attrape, je jure Dieu que je fricasse l’un & que je marie l’autre au grand Guillaume. Ce ne sera pas la moins punie des deux ! »

Il repartit & ne revit point la chapelle ; mais plus loin il rencontra un magnifique rosier qui portait une belle rose blanche. Il se baissait pour la cueillir & la rapporter à sa ménagère, quand il réfléchit que la fleur aurait le temps de se faner & que mieux valait la prendre en repassant.

Il voyagea longtemps, longtemps, sans découvrir les fugitifs. Enfin, las de courir, il revint sur ses pas & ne pensa plus à la rose. Il ne s’en souvint qu’en contant la chose à sa moitié.

« C’eſt trop fort, dit-elle en lui riant au nez. Quoi ! tu ne t’es point avisé que le rosier, c’était Martin & que la rose était Martine !

— Je les attraperai, fit l’ogre, quand je devrais arracher tous les rosiers à cent lieues à la ronde ! »


vii


Il se remit une troisième fois en campagne & détruisit tous les rosiers de la route, mais déjà les fugitifs étaient revenus à leur première forme.