pouvaient arracher leurs amis du maudit arbre.
L’idée leur vint alors d’abattre le poirier : ils allèrent quérir des haches & commencèrent à le frapper tous ensemble ; hélas ! on ne voyait seulement pas la marque des coups.
Ils se regardaient tout penauds, & ne sachant plus à quel saint se vouer, quand Misère vint au bruit & en demanda la cause. On lui expliqua ce qui se passait depuis si longtemps, & elle comprit le mal qu’elle avait fait sans le vouloir.
« Moi seule puis délivrer la Mort, dit-elle, & j’y consens, mais à une condition, c’eſt que la Mort ne viendra nous chercher, Faro & moi, que quand je l’aurai appelé trois fois.
— Tope, dit la Mort, j’obtiendrai de saint Wanon qu’il arrange l’affaire avec le bon Dieu.
— Descendez, je vous le permets ! » cria Misère ; & la Mort, le docteur & les autres tombèrent du poirier comme des poires trop mûres.
La Mort se mit à sa besogne sans désemparer, & expédia les plus pressés ; mais chacun voulait passer le premier. Le brave homme vit qu’il aurait trop à faire. Il leva pour l’aider une armée de médecins & en nomma général en chef le docteur De Profundis.
Quelques jours suffirent à la Mort & au docteur pour débarrasser la terre de l’excès des vivants, & tout rentra dans l’ordre. Tous les hommes