Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/13

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lesque, il ne persévéra point en cette voie. Il était dans le monde sur un pied d’homme grave qui ne lui permettait pas de pareilles licences. Il s’en explique ainsi dans la préface des contes en vers :

« J’aurais pu rendre mes contes plus agréables en y mêlant certaines choses un peu libres dont on a accoutumé de les égayer ; mais le désir de plaire ne m’a jamais assez tenté pour violer une loi que je me suis imposée, de ne rien écrire qui pût blesser ou la pudeur, ou la bienséance. »

C’est sans doute alors que, tout en restant fidèle à ses principes, il alla puiser dans un des recueils où La Fontaine s’approvisionnait d’habitude et emprunta à Boccace le sujet de Griselidis. Malgré des objections et des critiques dont nous nous occuperons plus tard, Griselidis eut du succès, et Perrault, toujours sur les pas de son guide, publia, non pas Peau d’Âne, comme on le croit communément, mais les Souhaits ridicules.

Peau d’Âne parut pour la première fois en 1694 dans le Recueil des pièces curieuses et nouvelles tant en prose qu’en vers, édité à La Haye, chez Adrian Moëtjens[1]. Les Souhaits ridicules avaient vu le jour en novembre 1693, dans le Mercure galant, page 37, avec un court avertissement du ré-

  1. Ce recueil se compose de trente parties reliées en cinq volumes in-12. Bibliothèque de l’Institut, AA, 304. Arsenal, 12086.