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Perrault supplia vainement Colbert de lui maintenir sa pension[1].

Cette préoccupation de Perrault, que M. André Lefèvre a signalée sur nos indications, n’a pas été assez remarquée. Elle éclate pourtant de toutes parts. C’est ainsi que, même après le succès des contes, il s’essaya dans l’apologue et publia une traduction en vers des fables de Faerne, qui avaient fourni tant de sujets à La Fontaine. Il se bornait à traduire, ne se sentant pas à l’aise sur ce terrain dont son ami semblait avoir fait sa propriété exclusive.

Il eut du reste le bon goût d’avouer qu’on ne peut comparer sa traduction, ni même l’original, aux fables du maître. « Les nôtres, dit-il, ressemblent à un habit d’une bonne étoffe, bien taillée et bien cousue, mais simple et tout unie : les siennes ont quelque chose de plus, et il y ajoute une riche et fine broderie qui en relève le prix infiniment. »

Il fut plus hardi et eût été plus heureux avec le conte badin, à en juger par celui qu’on lui attribue et que le lecteur trouvera sous le titre de l’Esprit fort dans l’édition de M. Lefèvre. Malgré le penchant qu’il avait marqué de bonne heure pour le bur-

  1. Walckenaer a un moment attribué à Perrault l’Amour vengé, une agréable idylle de La Fontaine