Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/161

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de son territoire[1] pendant qu’elle dormait. Mais la reine ne voulut entendre à rien : elle fit allumer, dans la cour de son palais, un grand bûcher, et ordonna qu’on y jetât l’infortunée.

Voyant que l’affaire tournait mal, Thalie se mit à genoux devant la reine, et la pria de lui donner seulement le temps d’ôter ses habits. La reine le lui accorda, non par commisération, mais pour faire son profit de ces beaux habits brodés d’or et de perles.

Thalie commença donc de les dépouiller et, à chaque pièce qu’elle ôtait, elle jetait un cri perçant. Elle ôta successivement son corsage et sa robe, puis son jupon, et, quand elle en fut à sa dernière jupe, elle poussa un dernier cri.

Déjà on l’entraînait afin d’en faire des cendres pour la lessive des culottes de Caron, lorsque le roi accourut, vit ce spectacle et voulut savoir toute l’affaire. Il demanda ce qu’étaient devenus ses enfants : sa femme, en lui reprochant sa trahison, lui apprit comment elle l’avait attrapé. À ces mots, le malheureux prince, en proie au désespoir, se mit à dire : — Ainsi, j’ai été moi-même le loup de mes agneaux ! Oh ! Turque renégate ! quelle chienne d’idée tu as eue là ! Va, tu en porteras la peine et

  1. Haveva pigliato possessione de lo terretorio suio.