Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/227

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— Adieu, voici la nuit.

Horatiello fit enterrer son père grâce à la charité publique, puis il prit le crible et s’en alla, vannant de ci de là pour gagner sa vie ; tant plus il vannait, tant plus il gagnait. Pippo prit le chat et dit :

— Voyez donc le joli héritage que m’a laissé mon père ! Comme si ce n’était pas assez de me nourrir, il faut encore que je dépense pour deux. À quoi bon ce triste legs ? mieux valait ne me donner rien du tout.

Le chat entendit ces doléances et lui dit :

— Tu te plains d’en avoir trop et tu as plus de bonheur que d’esprit. Mais tu ne connais pas ta chance, car je puis te faire riche, si je veux.

Pippo, à ces paroles, remercia Sa Chatterie, et, lui passant trois ou quatre fois la main sur le dos, il se recommanda chaudement.

Le chat eut pitié du pauvre Gagliuso[1] et, chaque matin, à l’heure où, avec l’appât de la lumière attaché à l’hameçon d’or, le soleil pêche les ombres de la nuit, il s’en allait au bord de la mer, au quai de Chiaia ou bien au marché aux poissons, et, voyant quelque grosse céphale, ou encore une bonne dorade, il la happait et la portait au roi en disant :

— Le seigneur Gagliuso, très-humble esclave

  1. C’est le nom que Pippo portera dans le reste du récit.