Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/343

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Qu’importe ? Il est question de patois, et, pour le moins, ce morceau est original, et en prose. »

Quoique ce phénomène paraisse aujourd’hui assez bizarre, il est évident qu’Oberlin ne s’est pas aperçu que son récit était le même que celui de Perrault. Plus loin, page 165, il nous avertit que ce morceau lui a été fourni par un M. Cifflé de Lunéville. Reste l’hypothèse où M. Cifflé aurait, sciemment ou non, envoyé à Oberlin une traduction du Petit Poucet.

Il suffit d’examiner le Ptiat Pousset pour voir que cette opinion est tout à fait inadmissible. Et d’abord ce n’est pas sept, c’est onze enfants que le conte lorrain donne au bûcheron. Ce chiffre de sept, que nous avons déjà rencontré tout à l’heure, Perrault l’a choisi évidemment pour qu’il n’y ait pas un trop grand écart entre l’âge de l’aîné et celui du cadet.

C’est même dans le dessein de rendre le rôle de ce dernier moins invraisemblable qu’il a imaginé que la bûcheronne « allait vite en besogne, et n’en faisait pas moins de deux à la fois. » L’aîné peut ainsi n’avoir que dix ans, quand le plus jeune en a sept.

Dans le conte lorrain, en supposant que la mère accouche chaque année, pour que le cadet ait sept ans, il faut que l’aîné en ait dix-sept. Or, quel moyen de croire qu’un pareil bambin mène des frères qui ont plus que le double de son âge ?