Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/366

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plus que jamais, je suis résolue d’en finir ou d’envoyer tout au diable.

Le pauvre mari, qui avait beaucoup trop d’amour pour sa femme, lui dit : — Calme-toi, ma femme, car le sucre coûte cher[1]. Demain matin, au chant du coq, je te débarrasserai de ces ennuis et tu seras satisfaite.

Le matin donc, à l’heure où l’Aurore déploie sa couverture de pourpre pour en secouer les puces à la fenêtre de l’Orient, il passa à son bras un bon panier plein de choses à manger, prit chacun de ses enfants par la main et les conduisit dans une forêt ou une armée de peupliers et de hêtres tenait l’ombre assiégée.

Arrivé en ce lieu, Jannuccio dit :

— Mes chéris, restez là, mangez et buvez gaiement et, quand vous n’aurez plus rien, voyez cette traînée de cendres que je vais semant, ce sera le fil qui vous tirera du labyrinthe et vous mènera tout droit à votre logis.

Il leur donna alors un baiser à chacun et s’en retourna en pleurant à la maison.

Lorsque tous les êtres, cités par les huissiers de la Nuit, payèrent à la Nature la taxe du repos nécessaire, les pauvres petits eurent peur de se trouver dans ce lieu désert où le bruit d’un fleuve, battant les

  1. Les médicaments coûtent cher ; autrement dit : tu te rendras malade.