Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à se monter sur les appuis des fenêtres et à se montrer à travers les guichets. On en fit tant que Sapia Liccarda, qui était la plus petite, finit par se démener et crier que leur maison n’était pas un marché aux citrons ni une poissonnerie pour qu’on y vît un pareil mêli-mêlo, et tant de commérages avec les voisins.

« Leur maison était située vis-à-vis le palais du roi, lequel avait trois fils, Ceccariello, Grazullo et Tore. En apercevant ces jeunes filles, qui étaient fort agréables à voir, ceux-ci se mirent à leur faire les doux yeux, puis à leur envoyer des baisers avec la main ; des baisers ils en vinrent aux paroles, des paroles aux promesses et des promesses aux actions, tellement qu’un soir, à l’heure où, pour n’avoir pas affaire à la nuit, le soleil se retire avec ses rentes[1], tous trois escaladèrent la maison. Les deux aînés s’arrangèrent avec les deux plus grandes sœurs, mais lorsque Tore voulut toucher Sapia Liccarda, elle s’enfuit comme une anguille dans sa chambre et s’y barricada, si bien qu’il ne fut pas possible de l’aborder. Le pauvre petit se plaignit à ses frères de l’ennui qu’il avait de tenir la mule pendant que les autres chargeaient les sacs du moulin.

« Au matin, quand les oiseaux, trompettes de l’aurore, sonnèrent tous le boute-selle pour faire

  1. i. Textuel.