Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/99

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d’une fille qui eut nom Héleine. Quand elle eut quinze ans, sa mère trépassa, et lorsque le roi eut été veuf pendant quelque temps, il eut en volonté d’avoir sa fille en mariage, car il n’en trouvoit point de si belle que sa femme et sa fille. Il lui en parla, dont elle fut ébahie, et se jeta à genoux devant son père en pleurant. »

Le père s’obstine. Hélène s’enfuit, monte sur un vaisseau, se réfugie d’abord en Flandre, à Port-l’Écluse, puis en Angleterre, comme Doralice. Le roi du pays, « qui, par bonheur, prenoit ses ébats sur le rivage, » l’aperçoit, tombe amoureux d’elle et l’épouse. Il part pour la guerre. Hélène accouche de deux enfants, « les plus beaux qu’on puisse jamais voir. » La reine mère, outrée du mariage de son fils avec une aventurière, écrit au roi que sa femme est accouchée de deux chiens, « les plus laides, plus hideuses bêtes qui furent jamais ; » elle l’engage à envoyer l’ordre de les mettre à mort, « car ce ne sont choses à garder, » etc.

Dans une des versions du Chevalier au Cygne, la jeune reine accouche de sept beaux enfants qui ont au cou une chaîne d’argent. Sa belle-mère leur substitue sept petits chiens. Semblable substitution se rencontre fréquemment dans les contes russes et italiens. L’Histoire de la Belle Héleine a été composée, comme on le voit, avec des fragments de différentes traditions, tant bien que mal assemblés.