de que de légers veſtiges des cruautés qu’elle exerçoit autrefois contre le genre humain, & qu’il ne nous reſte plus, pour ainſi dire, que le ſouvenir de ce qu’elle a été dans les écrits de ceux qui nous en ont fait la deſcription.
Il y a donc deux ſortes de Lepres, celle des Grecs, & celle des Arabes. La Lepre des Grecs eſt une affection de la peau très-fâcheuſe, ou une gale horrible très-difficile à guérir, qui couvre toute la peau d’une vilaine croûte, à laquelle on a donné le nom de pſora.
La Lepre des Arabes eſt cette terrible maladie que la plûpart des Auteurs ont appellée Éléphantie, d’autres Satyriaſe, & d’autres Léontiaſe, ſous différens raports.
Ceux, par exemple, qui l’ont appellée Éléphantie, ont cru voir dans cette maladie quelque convenance avec l’éléphant, en ce que tout de-même que cet animal ſurpaſſe tous les autres en grandeur, la lepre eſt auſſi le plus grande & la plus redoutable de toutes les maladies ; ou parce que la peau des lépreux eſt tubéreuſe, rude, calleuſe, flétrie, ridée & inégale comme celle des éléphans.
Ceux qui lui ont donné le nom de Satyriaſe, ont enviſagé la convenance qu’il y avoit du viſage affreux des Ladres à la face monſtrueuſe des Satyres ; ou bien ils peuvent avoir cru que dans le commencement de cette ma-