Page:Devaux - Les Fellatores, mœurs de la décadence, 1888.djvu/24

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Fatigué de cette vie de recluse, il revint à Paris, ne sortant qu’à la nuit close, rasant les murs le chapeau sur les yeux, et coupant les gens qui s’élançaient à sa rencontre pour lui serrer la main.

Il n’entrait plus au théâtre que très tard, lorsque les abords et les couloirs étaient dégagés, pendant l’acte commencé. Il se plaçait au fond d’une seconde loge, derrière des bourgeois inconnus, il restait là, sans bouger, jusqu’à la fin du spectacle, et ne sortait, par les prétextes qu’il savait trouver, qu’à l’extinction du luminaire extérieur de l’établissement, tremblant qu’un sourire moqueur, qu’un quolibet n’accueillit son passage pour lui reprocher sa perversion.

Ce pauvre Arthur n’était pas encore endurci au péché, il n’avait que dix-huit ans et trouvait cruel d’avoir à subir passivement les caprices des uns sans plaisir, et le mépris des autres sans éprouver plus de joie.