ménagère que nous avons connue ; mais elle a singulièrement vieilli, elle aussi, l’excellente femme. Elle porte pourtant encore assez allègrement ses soixante-sept hivers, et n’était une invincible faiblesse dans les jambes, on la verrait comme autrefois faire seule le service intérieur de la maison. Néanmoins, cette impotence qui la force à laisser tout le gros de la besogne à la servante Joséphine, ne l’empêche pas de manier son éternel tricotage. C’est là pour elle une grande consolation, car la pauvre vieille s’en voudrait beaucoup de rester inoccupée, ne serait-ce qu’une heure par jour.
Au reste, ce travail machinal, inconscient presque du tricot lui permet de regarder tout à son aise, et vingt fois en une minute, une jolie enfant de dix-sept ans environ qui va et vient dans la maison, dirigeant avec une rare habileté les mille détails du ménage.
Avons-nous besoin de dire que cette jeune intendante n’est autre que l’Enfant Mystérieux des premiers chapitres de cette histoire, la filleule d’Antoine le beau parleur, la petite Anna, enfin !