Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome I, 1890.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

senteurs odorantes du foin coupé et livre à la brise d’août les nattes épaisses de ses cheveux. Le caquetage des oiseaux, pillards audacieux qui viennent se disputer le millet jusque sous les pieds des moissonneurs, le cliquetis des pierres à aiguiser sur les faux sonores, le chant de quelque jeune gars dans la prairie voisine, les aboiements des chiens qui se répondent à plusieurs arpents de distance… tout cela lui semble un concert qui doit être agréable à l’oreille de Dieu, lui fait chérir davantage la vie paisible de la campagne.

Quelquefois aussi, – mais seulement lorsque le père Bouet a le dos tourné et ne peut la voir, – Anna s’empare d’un râteau, trop pesant pour ses blanches menottes, et se met vaillamment à l’ouvrage. Le sang ne tarde pas à rougir ses joues et la fatigue à paralyser ses poignets… Il faut en rester là… Tout de même, la petite est bien heureuse : elle a travaillé aux foins !

Puis c’est l’automne qui arrive, avec ses épis dorés que balance le vent du nord, ses vergers qui ploient sous les fruits les plus appétissants, ses légumes multiformes qui garnissent les plates-bandes. Anna aide à la