Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome I, 1890.djvu/78

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chose arrive, Antoine Bouet aura fait joliment du grabuge quelque part, je ne dis que ça !

La terrible menace cachée sous cette dernière phrase de son époux amena un beau sourire sur les lèvres d’Eulalie. La brave femme s’enleva doucement, sur les ailes de l’espérance, jusqu’aux nuages dorés du troisième ciel, et, de là, elle crut voir sa petite filleule, en haillons et dépossédée, traînant sur l’île d’Orléans une existence misérable. À cette vision séraphique, son cœur s’inonda d’une joie sereine et elle eut une vague envie d’embrasser Antoine.

Pourtant elle réprima vite ce désir extravagant et reprit :

— D’ailleurs Pierre est encore plein de vie, et Marianne n’a pas l’air, non plus, de vouloir mourir de sitôt. Ces gueux-là sont capables de nous enterrer, oui-dà !

— Je ne dis pas non… grommela Antoine : il ne nous manquerait plus que ça !

— Nos enfants n’en resteraient pas moins pour faire valoir nos droits, qu’en dis-tu ? continua Eulalie.

— Incontestablement.

— Dans ce cas-là, reprit délibérément la