Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome I, 1890.djvu/79

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brave femme, faisons-nous pas de bile et laissons grandir notre chère filleule. Pour moi, Antoine, je t’assure que je n’ai pas gros comme ça de haine contre ce chérubin-là et que j’irai l’embrasser tous les jours, jusqu’à ce que…

— Si tu pouvais l’étouffer !… interrompit à voix basse le digne parrain.

— Jusqu’à ce que quelque déplorable accident la prive de mes caresses ! acheva la non moins digne marraine, en riant aux éclats de sa lugubre facétie.

En ce moment, un pas lourd qui faisait craquer l’escalier conduisant au grenier interrompit la conversation des époux ; bientôt ce bruit s’accompagna d’une sorte de bêlement aigu, allant toujours crescendo jusqu’aux notes les plus extrêmes de la gamme ; puis enfin la porte de la montée s’ouvrit et une espèce de maritorne en jupe courte apparut, tenant dans ses bras un affreux bambin de trois ou quatre ans.

Ce dernier n’était autre que le fils aîné de maître Antoine Bouet.

— Ce cher petit, déjà éveillé ! s’écria la tendre Eulalie en se précipitant vers l’enfant.