paysan les fréquente, parce qu’il en a besoin, mais dans ses rapports avec cette catégorie de co-paroissiens, il est toujours sur la défensive.
Antoine Bouet, qui connaissait à merveille cette disposition du caractère campagnard, n’avait pas manqué de l’exploiter à son profit et au détriment de sa nièce. Sans avoir l’air d’y toucher, et avec une habileté digne d’une meilleure cause, il avait petit à petit amené le sentiment populaire à être, sinon tout à fait hostile, du moins fort peu bienveillant pour la petite orpheline.
Il est donc à présumer que les nombreuses visites, qui se succédèrent chez Pierre Bouet pendant la quinzaine qui suivit le retour d’Anna, avaient plutôt pour but la curiosité — et une curiosité malveillante — que tout autre sentiment.
Quant au brave père Bouet, tout entier à la béatitude d’avoir retrouvé sa fille, il recevait tout le monde avec une cordialité pleine de franchise et ne s’amusait pas à se demander pourquoi tous ces gens-là venaient chez lui.
Vingt fois par jour, au moins, il racon-