Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome II, 1890.djvu/206

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Le père Bouet poussa un gémissement inarticulé. Son cerveau se congestionnait et ses idées devenaient confuses.

Antoine reprit, avec un redoublement de violence concentrée :

— Comprends-tu maintenant, Pierre Bouet, que je ne suis pas ici pour faire de vaines menaces et que je suis homme à accomplir un serment ?

Un oui à peine compréhensible s’échappa des lèvres du malade.

— Eh bien ! alors, acheva le bandit, décrochant un crucifix appendu à la muraille, si tu ne veux pas que ta fille soit toute sa vie malheureuse, jure-moi sur ce signe sacré de notre rédemption que tu changeras ton testament dès demain, de façon à ce que mes enfants soient tes seuls héritiers.

Le père Bouet, n’ayant presque plus conscience de ses actes, tendait vers le crucifix sa main valide ; il allait jurer ; … il allait dépouiller l’enfant qu’il chérissait par-dessus tout !…

Mais un flot de sang lui monta au cerveau ; sa main retomba : il fit entendre deux ou trois soupirs… Puis il demeura immobile.

Il était mort !