Une piqûre d’épingle n’est rien. Mais cent, mais mille piqûres d’épingles, se succédant sans relâche, avec la régularité de la persécution systématique, organisée, voilà un supplice bien autrement cruel qu’une large blessure, une fois faite !
Et, pourtant, telle fut la nouvelle existence d’Anna, sous la domination de son tuteur.
Pas une heure où elle ne sentît planer au-dessus de sa tête la haine vigilante de son parrain et de sa marraine !… Pas un jour sans que cette haine idiote et perfide ne se traduisit par quelque mesquine vexation !
Ajoutez au mauvais vouloir des parents… l’amour du fils, – oui, l’amour, un amour tyrannique et bête, comme celui qui l’éprouvait !
En effet, ce lourdaud de Ti-Toine, pour épais et matériel qu’il fût, n’en avait pas moins été atteint au plus sensible par une des flèches du dieu malin.
Il ne manquait plus que cela à l’orpheline !
Et, le jour où elle s’aperçut enfin que son gros cousin l’aimait, la pauvre enfant