Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/101

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Lapierre hésita une seconde, puis il répondit avec force :

« Ah ! ah ! quand cela serait !… Puisqu’il en est ainsi, mademoiselle, et puisque vous trouvez si étrange qu’un autre homme que moi, qui dois vous épouser ces jours-ci, vous fasse impunément la cour, eh bien ! je vais laisser le champ libre ; cet heureux rival… Mais je jure Dieu que le nom de votre père sera déshonoré.

— Ah ! ce secret, ce fatal secret !… murmura Laure éperdue.

— Je le divulguerai, mademoiselle, et le monde entier saura que le colonel Privat a forfait à l’honneur.

— Hélas !… pauvre père ! gémit la jeune fille.

— L’Amérique apprendra, poursuivit Lapierre, qu’il s’est trouvé dans son armée un officier assez dépourvu de patriotisme pour escompter le dévouement de ses soldats et réparer les brèches de sa fortune en volant les défenseurs de la patrie…

— Vous mentez, misérable… Mon père n’a pu descendre si bas.

— Et la lettre, la fameuse lettre ?… se contenta de répondre froidement Lapierre.

— Ah ! ce n’est que trop vrai… Pauvre père ! murmura Laure anéantie.

— Cette lettre, acheva l’ex-fournisseur, dans laquelle votre père vous fait l’aveu de son déshonneur et vous supplie, au nom de votre amour pour lui, d’empêcher, par votre mariage avec moi, que le seul dépositaire du terrible secret ne révèle son crime ?…

— Oui, oh ! oui, je m’en souviens, sanglota Laure, et cette prière d’un mourant sera exaucée… Je serai votre femme ; je me sacrifierai pour que les