Aller au contenu

Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

du lac Pontchartrain ou prolongeaient leur douce causerie sous la véranda de l’habitation louisianaise…

Elle revit son père, qu’elle idolâtrait et dont le souvenir était encore si vivant dans son cœur ; elle revit ce père malheureux, arrivant de l’armée en compagnie de Lapierre, la prendre sur ses genoux et la prier d’être particulièrement aimable pour son compagnon de voyage…

Puis, les promenades avec ce jeune homme, le vague effroi qu’elle éprouvait en sa présence, les attentions dont il l’entourait, le contentement du colonel à la vue de leur amitié apparente… tout cela défila rapidement sous ses yeux.

Enfin, la fantasmagorie de son rêve d’une minute lui montra, à son tour, le pauvre Champfort, devenu indifférent pour sa coquette cousine, fuyant sa société et rompant un à un tous les fils dorés de la douce intimité qui les unissait – provoquant chez la jeune créole, dont l’orgueil natif était piqué au vif, cette réaction de froideur, d’amertume qui caractérisa par la suite leurs rapports journaliers…

La malheureuse jeune fille revit tout cela en quelques instants, et une larme brûlante vint trembloter au bord de sa paupière.

« Comme nous aurions pu être heureux ! » se dit-elle.

Mais la vue de Lapierre, debout en face d’elle et suivant du regard les impressions produites par sa déclaration, la ramena bientôt à la froide réalité.

Elle reprit toute son énergique attitude et, relevant fièrement la tête :

« Vous pensez que mon cousin m’aime, dit-elle… Hé ! quand cela serait ? »