— Mauvais moyen, mon cher. La violence ne fait jamais de bonne besogne.
— Que faire alors ? je ne peux pourtant pas laisser cette pauvre Laure donner tête baissée dans un pareil traquenard.
— Que faire ?… Me laisser agir et suivre mes instructions. Cet homme m’appartient, Edmond. Il y a six ans que je le guette et que je m’apprête à venger la perte de mon bonheur.
— Que t’a-t-il donc fait ? demanda naïvement le jeune étudiant.
— Ce qu’il m’a fait ? rugit Després… Il m’a volé ma fiancée, puis, après s’être battu en duel contre moi, m’a dénoncé aux autorités, qui, elles, m’ont envoyé au pénitencier de Kingston…
— Voilà ce qu’il m’a fait ! »
Il se fit un silence.
Edmond Privat attendait que le calme fut revenu sur la figure sombre de Després. Enfin, il tendit à son camarade sa main finement gantée :
« Mon cher Gustave, dit-il, le danger que court ma sœur m’épouvante… je m’en rapporte à toi pour l’éloigner de sa tête… Mais, de grâce, ne perdons pas de temps et suis-moi au cottage. Nous tâcherons d’ouvrir les yeux de cette malheureuse enfant.
— Mon cher, j’allais te proposer cette petite promenade. J’ai besoin en effet de voir Mlle Privat, mais je dois lui parler à elle seule. La chose est-elle possible ?
— Hum ! à la maison, ce n’est guère praticable.
— Ne peux-tu la prier d’aller faire un tour dans le parc avec toi ?
— Oh ! pour cela, oui : c’est très facile.
— Une fois dans le parc, tu me feras l’honneur de