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Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/131

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Laure était bien revenue de ses préventions contre son cousin. Plus que cela, elle se reprochait amèrement de ne l’avoir pas compris et d’avoir ainsi laissé passer le bonheur à côté d’elle, sans lui tendre la main… Et, maintenant, cet amour désintéressé et malheureux, ce sentiment chevaleresque qu’elle s’était appliquée à refouler – faute de le connaître – dans le cœur du fier jeune homme, pouvait-elle y songer ?… pouvait-elle le lui offrir encore ?…

Et la pauvre jeune fille, en se faisant ces réflexions, ne put empêcher une larme brûlante de couler sur sa joue enfiévrée.

Mais, à son tour, elle repoussa cette nouvelle supposition.

« Non, se dit-elle, ce n’est pas Champfort… Il souffre, lui aussi, et ne veut pas augmenter sa souffrance en venant dans cette maison où le malheur s’est abattu… Et, pourtant, ce jeune homme que j’ai vu disparaître dans le parc…

Elle n’acheva pas.

Le roulement d’une voiture se fit entendre dans l’avenue, et Laure, s’avançant la tête hors de sa fenêtre, put voir son frère sauter lestement sur les marches du péristyle et remettre les guides à un domestique.

Alors, la jeune créole appela :

« Edmond ! »

Celui-ci releva la tête.

« Je veux te voir tout de suite, continua Laure. Peux-tu me donner deux minutes ?

— Pas deux minutes, ma chère, mais deux heures, » répondit l’étudiant, qui disparut sous la haute porte d’entrée.