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Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/132

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Un instant après, il était dans la chambre de sa sœur.

La jeune créole embrassa son frère, puis ouvrait la bouche pour lui poser une question facile à deviner, lorsqu’elle s’aperçut que l’étudiant, d’ordinaire pétulant et joyeux, était, ce jour-là, d’une gravité magistrale.

Elle le regarda quelques secondes, puis changeant brusquement sa question :

« Que se passe-t-il donc, mon cher Edmond ? demanda-t-elle ; qu’a-t-il pu t’arriver de si fâcheux pour que tu sois devenu comme cela tout morose ?

— Il ne m’est rien arrivé d’extraordinaire, ma bonne Laure, répondit l’étudiant.

— Alors, pourquoi cette figure de juge qui va prononcer une sentence de mort ?

— Ai-je vraiment cette figure-là ?

— Mais… à peu près.

— Dans ce cas, c’est que j’ai probablement quelque sentence grave à porter… ou à faire porter.

— Une sentence ?

— Tu dis bien.

— Eh ! contre qui ?… Ce n’est pas contre moi, au moins ? »

Et Laure feignit de rire ; mais le rire ne lui allait plus, et elle ne put qu’ébaucher un amer rictus.

Edmond ne répondit pas, mais il se leva et, s’approchant de sa sœur, il lui dit avec une tristesse qui n’était pas sans solennité :

— Ma sœur, le temps des atermoiements et des subterfuges est passé… Il se trame ici des choses terribles et enveloppées d’un sombre mystère…

Laure voulut se récrier.

« Laisse-moi parler, continua le jeune Privat. Si