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Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/145

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— Vous me flattez.

— Non pas : je vous analyse. Eh bien ! mademoiselle, ne voyez-vous pas que toutes les tendances sympathiques de votre caractère vous poussent inévitablement vers le loyal jeune homme qui vous aime, tandis que vos antipathies innées vous empêchent d’éprouver autre chose que le plus profond mépris pour votre fiancé ?

— Qui vous dit que monsieur Lapierre ne soit pas digne de mon amour ?

— Lapierre est un lâche et misérable assassin ! s’écria Després d’une voix concentrée.

Laure, stupéfaite, regarda l’étudiant avec de grands yeux et ne répondit pas sur-le-champ.

Dans le même moment, un bruit singulier se fit dans le feuillage, à quelque distance en arrière du banc où étaient assis les deux jeunes gens. Une oreille exercée aurait pu y reconnaître le froissement produit par une personne qui se faufile au milieu des branches… Mais Laure et Gustave étaient trop absorbés par leurs pensées pour faire attention à ce frôlement significatif.

Après quelques secondes de silence, la jeune créole répliqua :

« Monsieur Després, voilà des paroles bien sévères, et à moins de preuves très positives…

— Je vous demande pardon, mademoiselle, de m’être quelque peu laissé emporter en votre présence, répondit poliment le Roi des Étudiants… Cela ne m’arrivera plus. Quant à prouver ce que j’affirme, à savoir que Joseph Lapierre est un lâche assassin, je vais le faire sans plus tarder. »

Et Després, prenant l’ex-fournisseur au moment de son arrivée à Saint-Monat, se mit à le disséquer de main de maître. Tout y passa, depuis les