Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/144

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se replier sur elles-mêmes, à se concentrer, double la puissance de ces facultés, donne une sorte de seconde vue. »

Laure jeta un sympathique regard sur le jeune homme et répliqua d’un accent ému :

« C’est vrai, monsieur : ceux qui ont souffert voient mieux et plus loin que les heureux de ce monde… Mais, ajouta-t-elle, pour pouvoir pénétrer jusqu’au sanctuaire le plus intime de la pensée humaine, jusque dans le cœur d’une femme, il faut autre chose que l’expérience, autre chose que le raisonnement…

— Que faut-il donc ?

— Mais, mon Dieu… tout au moins la connaissance intime du caractère, des goûts, des sympathies innées de cette femme.

— En ce cas, mademoiselle, s’empressa de répliquer Després, je possède toutes les connaissances nécessaires pour affirmer solennellement que vous n’avez pas d’amour pour votre fiancé, et qu’au contraire…

— Achevez.

— Vous aimez le noble jeune homme qui, depuis de longues années, souffre en silence à cause de vous. »

Laure essaya de rire.

« Voilà une conclusion pour le moins étrange, dit-elle.

— Elle est très logique, mademoiselle. Suivez bien mon raisonnement.

— Allez…

— Vous avez un caractère chevaleresque, porté aux grands dévouements, épris des nobles actions et auquel répugne souverainement tout ce qui paraît louche ou déloyal.