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Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/15

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confrères — Després avait dans la voix des accents si sombrement dédaigneux ; sa physionomie reflétait tant d’amertumes longtemps comprimées, mais encore chaudes et palpitantes, que personne n’ouvrit la bouche et que chacun se crut en présence d’une de ces victimes stoïques et calmes, dont l’âme est morte à toutes les joies de la vie.


CHAPITRE III

Cousin et Cousine


Il fallait, en effet, qu’une bien terrible tempête eût passé sur le cœur de ce fier jeune homme pour en refroidir ainsi les puissantes aspirations et en arrêter l’indomptable essor.

Y avait-il réellement un drame dans la vie de Després, ou devait-on mettre sur le compte de l’organisation fortement nerveuse du roi des étudiants cette misanthropie dédaigneuse et ces boutades douloureusement excentriques dont il ne pouvait se défendre, à de certaines heures ?

On se perdait là-dessus en conjectures.

Il y avait bien, dans l’histoire de Després, une lacune que personne ne pouvait combler. Mais, comme la moindre allusion adressée jusqu’alors au jeune homme sur ce sujet avait paru l’affecter péniblement, on s’était fait un devoir de ne jamais plus le questionner sur ce passé mystérieux.

Pourtant, ce soir-là, Champfort ne put s’empêcher de lui dire :

« En vérité, mon cher Després, on dirait, à t’entendre, que des malheurs inouïs ont plané sur ta jeunesse.

— Peut-être ! murmura Després… Mais, reprit-il