Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/160

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Ce moribond, comme on le sait, n’était autre que Gustave Després.

Cependant, le jeune garçon s’était approché du cadavre supposé, tout en murmurant :

« Hum ! ce pauvre diable me fait l’effet de n’avoir guère besoin de soins médicaux, car je le crois parti pour un monde meilleur… Voyons toujours. »

Et il se mit en frais de relever la tête du malheureux, pour examiner sa blessure.

La jeune femme, elle, demeurait là, près du lieu de la catastrophe, immobile, clouée au sol, les yeux démesurément ouverts et incapable de prononcer une parole.

Tout à coup, le médecin improvisé, qui s’occupait à étancher le sang sur le front de l’homme gisant par terre, lâcha la tête qu’il soutenait et se releva d’un bond, en poussant un cri terrible :

« Gustave !… c’est Gustave !

— Que dis-tu là ? fit la jeune fille, en joignant les mains et s’avançant, pâle d’effroi.

— Je dis que Gustave a été assassiné… il est mort.

— Grand Dieu ! serait-ce possible ?

— Hélas ! ce n’est que trop vrai. Regarde plutôt. »

La jeune fille, surmontant sa terreur, se courba sur l’homme assassiné et releva son voile pour mieux voir.

Si Gustave Després eût alors ouvert soudainement les yeux, il aurait contemplé un spectacle auquel il ne se serait, certes, pas attendu : il aurait vu Louise Gaboury, sa fiancée infidèle des bords du Richelieu, penchée sur lui et pleurant à chaudes larmes.