Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/164

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Mais il ne bougea pas autrement, et ses yeux demeurèrent entrouverts.

« Allons, grommela le Caboulot, avec toute l’importance d’un vieux praticien, le cerveau a subi une plus forte commotion que je ne le pensais, et Gustave a besoin de soins attentifs. Je vais aller chercher une voiture et nous le transporterons à Québec, chez lui.

— Non pas, répliqua vivement Louise, c’est chez nous qu’il faut l’emmener. Je serai sa garde-malade, et peut-être…

— Au fait, tu as raison, ma sœur, et je ne suis qu’une grue de n’avoir pas songé à cela. Gustave sera tellement dorloté et médicamenté chez le père Gaboury, qu’il reviendra à la santé malgré lui… Mais, ajouta-t-il en remettant son chapeau sur sa tête, je suis ici à dire des fariboles, tandis que je devrais galoper à la recherche d’une voiture. Attends-moi : je ne serai pas longtemps. »

Et le petit étudiant partit comme un trait, bondit par-dessus la haie avec l’agilité d’un acrobate, prit sa course dans la direction de Québec, et disparut finalement à un coude du chemin.

Louise resta donc seule, en face du moribond.

La nuit tombait : l’obscurité envahissait le parc et la clarté rougeâtre qui estompait le couchant faisait ressortir davantage les teintes sombres de la forêt.

Aucun bruit ne s’élevait de la route de la Canardière ; seules, les grenouilles, croassant dans les flaques d’eau, faisaient entendre leur monotone trémolo, auquel répondait d’une façon sinistre la respiration comateuse du blessé.

Louise eut peur…

Quoique éveillée, elle eut un singulier cauchemar.