Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/181

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déroulés n’avait pas permis à Lapierre de les peser mûrement. Il était donc bien aise de se trouver enfin seul avec ses pensées, afin d’y mettre un peu d’ordre et de tirer les conclusions qui devaient en découler.

Une demi-heure se passa ainsi à tourner et à retourner tous les incidents de ce jour mémorable, à les analyser, à les disséquer, à en rechercher les causes, à en prévoir les conséquences.

Lapierre ne bougeait pas plus qu’un terme, et la voix de Madeleine, annonçant à plusieurs reprises que le souper était servi, n’avait pas même le privilège d’arriver jusqu’à l’entendement du maître.

Enfin, celui-ci parut sortir de sa torpeur, redescendre des nuages. Il passa la main sur son front et murmura, en forme de conclusion :

« En somme, la journée n’a pas été aussi mauvaise que j’aurais pu m’y attendre… Louise ne parlera pas, et Lenoir "alias" Després ne parlera plus. Cette idée de faire servir la mâsure de la mère Friponne à mes petits projets n’est pas trop mal trouvée, et je ne regrette pas mon voyage d’avant-hier, ni ma rencontre avec les deux compères qui vont venir tout à l’heure. On n’a jamais trop de connaissances… Allons, ne nous laissons pas aller au découragement et mangeons de bon appétit. »

Après s’être ainsi réconforté le moral, Lapierre se dirigea vers la salle à manger, disposé à en faire autant pour le physique.

Les bandits de profession ont cela d’excellent, c’est qu’ils perdent rarement l’appétit et que les situations les plus terribles ne réagissent pas sur leur estomac.

Lapierre prit donc tranquillement son souper,