Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/19

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sources, j’envisageais l’avenir avec frayeur, lorsqu’un jour, un étranger entra dans mon petit logement et m’annonça qu’il venait de la part de ma tante Privat, la sœur de ma mère, et qu’il avait instruction de m’emmener à la Nouvelle-Orléans. Il me donna une lettre de ma bonne tante et l’argent nécessaire pour régler toutes mes petites affaires.

« Rien ne me retenait plus à Québec. Aussi, mes préparatifs ne furent-ils pas longs, et quinze jours plus tard, j’étais à la Nouvelle-Orléans, ou plutôt, à quelques milles de là, dans une charmante habitation que possédait mon oncle sur sa plantation, près du lac Pontchartrain.

« Je passai là les deux belles années de ma jeunesse, vivant comme un frère avec les deux charmants enfants de mon oncle : Edmond et Laure. Edmond avait à peu près mon âge, et Laure, deux années de moins.

« Que de gaies promenades nous avons faites ensemble dans les champs de canne à sucre ou sur les bords du lac ! que de douces causeries nous avons échangées sous la large véranda de l’habitation !

« La guerre civile, qui se déchaînait alors avec fureur dans plusieurs États de l’Union, ne se traduisait encore en Louisiane que par des mouvements de troupes et une agitation formidable. Mais, tout en enflammant nos jeunes cœurs d’un noble amour pour la cause du Sud, elle ne troublait pas autrement notre paisible existence.

« Sur ces entrefaites, mon oncle, qui était colonel, partit avec son régiment pour rejoindre l’armée. Ce fut notre premier chagrin. Mais, comme il nous déclara qu’il pourrait venir de temps en