temps à l’habitation, nous nous consolâmes assez vite de ce contretemps.
« Ainsi qu’il l’avait dit, mon oncle revint un mois après son départ. Il était accompagné d’un jeune homme du nom de Lapierre…
— Hein ! Lapierre ? interrompit le Caboulot.
— Oui, Lapierre. Ce nom est-il connu ?
— Peut-être… Mais il y a tant de personnes qui s’appellent ainsi. Continue.
— Je disais donc que le colonel était accompagné d’un jeune homme du nom de Lapierre, qui se disait de Québec et dont ma tante avait, en effet, connu la famille, lorsqu’elle-même y demeurait. Mon oncle s’était pris d’une véritable amitié pour ce Lapierre, et il en avait fait son compagnon inséparable.
Comment cet étranger était-il parvenu à s’insinuer ainsi dans les bonnes grâces du colonel ? quels services lui avait-il rendus ?… je l’ignore encore.
— Moi, je le sais ! interrompit Després. Lapierre courait alors d’une armée à l’autre pour spéculer sur les navires. Un jour, il guida le régiment du colonel Privat dans une marche nocturne qui amena la capture d’un convoi ennemi.
« Telle est l’origine de sa faveur auprès de la famille Privat.
— D’où tiens-tu ce renseignement ? demanda Champfort, surpris.
— De moi-même, mon cher. J’étais à cette époque dans le Kentucky, où je servais comme volontaire dans l’armée qui faisait face au général Beauregard, dont faisait partie le régiment du colonel Privat.
— Ah ! fit Champfort, voilà qui explique bien des choses !