Aller au contenu

Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Eh bien ! vous l’aurez, cette explication, répondit Champfort résolument. Elle sera courte, mais claire. Vous voulez savoir pourquoi Gustave Després, s’il apparaissait tout à coup à la Folie-Privat, produirait sur votre fiancé l’effet de la tête de Méduse ?… Je vais vous le dire. C’est que Després possède la preuve que Lapierre est un misérable, absolument indigne d’aspirer à votre main. Bien plus, ma pauvre Laure, ce même Després pourrait établir qu’un ruisseau de sang sépare les deux personnes qui vont unir demain leur destinée, et que votre mariage serait l’alliance monstrueuse du loup et de la brebis. »

Laure frissonna de nouveau sous la voix ardemment convaincue de son cousin.

— Mais il va venir, il doit venir, M. Després ! s’écria-t-elle inconsidérément.

— Il ne viendra pas, Laure, ou ce sera miracle.

— Qui vous fait dire cela ?

— Voilà quatre jours que Gustave a quitté son logis, et, depuis, il n’a pas reparu.

— Ciel ! dites-vous vrai ?

— J’ai fouillé tout Québec pour le retrouver ou avoir seulement un renseignement sur son compte, mais sans le moindre résultat.

— Oh ! mon Dieu !… et ces preuves qu’il m’a promises, ces preuves établissant…

— Quoi ! interrompit Champfort, stupéfait, vous auriez vu Gustave Després ?

— Eh bien ! oui, s’écria la jeune créole, s’apercevant trop tard de son indiscrétion involontaire, oui, je l’ai vu et nous avons longuement conversé ensemble. Je connais toutes les graves accusations qui pèsent sur mon fiancé ; je sais qu’il a été espion dans l’armée américaine ; je sais qu’il