Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/203

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne me recherche que pour ma dot ; je sais enfin qu’il a probablement des fautes plus graves à se reprocher. Et cependant…

— Achevez, de grâce.

— Et cependant, si tout cela n’est pas prouvé, si M. Després n’arrive pas avant demain, ou plutôt ce matin, à six heures, rien au monde ne pourra empêcher ce Lapierre de devenir mon mari, une heure plus tard.

— Comment cela, mon Dieu ?

— D’abord, parce qu’il a ma parole ; en second lieu, parce que – faute de preuves du contraire – je dois obéir à la voix d’un mourant.

— Mais c’est impossible, cela ! Vous ne pouvez ainsi sacrifier votre existence entière à un doute, à un sentiment de piété enthousiaste. Vous vous devez à vous-même, vous devez à vos parents, à vos amis d’attendre au moins qu’une aussi malheureuse situation soit clairement définie, que des preuves vous arrivent…

— Impossible ! impossible ! répondit Laure, avec une conviction douloureuse. Ah ! c’est une terrible position que la mienne, et la fatalité est là qui me pousse à l’autel, me répétant sans cesse : « Femme, fais ton devoir !… » Je le ferai, cet inexorable devoir ; j’ensevelirai sous mon blanc voile de mariée ma jeunesse, mes illusions, mon cœur, tout !… »

Et la malheureuse jeune fille étouffa un long sanglot.

Champfort perdit la tête. Il saisit brusquement les deux mains de sa cousine, et d’une voix où tremblait la passion si longtemps comprimée :

« Non, non, s’écria-t-il, tu ne feras pas cela, ma bonne Laure ; non, tu ne seras pas l’enjeu de la